Demande d’augmentation annuelle : quel pourcentage viser ?
4,1 %. C’est la hausse médiane des salaires négociée en France en 2023, d’après les cabinets spécialisés. Derrière ce chiffre, une réalité : la plupart des salariés ignorent quelle fourchette demander, ni comment l’argumenter. Le flou persiste, alors que l’argent, lui, ne cesse de faire parler.
Impossible de trouver une règle universelle : le pourcentage d’augmentation varie selon les secteurs, les entreprises et les périodes. Les disparités sautent aux yeux. Un coup d’œil aux pratiques suffit : certains employeurs répercutent strictement l’inflation, d’autres se contentent du minimum légal, tandis que quelques salariés, plus offensifs ou mieux informés, parviennent à décrocher des hausses bien supérieures à la moyenne. Naviguer sans repère expose à tirer trop bas… ou à passer à côté d’une opportunité inattendue.
Plan de l'article
Pourquoi il faut penser à son augmentation annuelle
Personne ne décroche une augmentation de salaire par hasard. Ce sujet se prépare dans la durée, loin des automatismes ou des discussions bâclées. L’employé attentif ne se limite pas à attendre la convocation de l’entretien annuel : il cogite sur ses compétences, fait le point sur son expérience, met en perspective ses responsabilités. L’employeur, de son côté, évalue les résultats individuels, compare avec le marché et se réfère à la convention collective ou aux NAO (Négociations Annuelles Obligatoires).
L’inflation, la revalorisation du SMIC et les nouvelles obligations de transparence s’invitent dans l’équation. Le pouvoir d’achat, ponctionné par la hausse des prix, devient un argument difficile à ignorer. Les salaires ne stagnent plus aussi facilement dans un contexte de tensions sur le recrutement et la fidélisation, même si les réalités diffèrent selon la taille de l’entreprise ou le secteur d’activité.
Les écarts se creusent à mesure que l’ancienneté progresse ou que les responsabilités évoluent. La prime d’ancienneté et la promotion peuvent s’ajouter à la rémunération de base, rendant la demande d’augmentation plus légitime lorsqu’elle s’appuie sur des critères objectifs, tels que :
- les grandes tendances du secteur, qui influencent les politiques salariales
- les grilles prévues par la convention collective applicable
- la situation du marché de l’emploi, en particulier s’il est tendu
La question de l’égalité salariale change aussi la donne. Les entreprises doivent désormais justifier les écarts, sous l’impulsion de la directive européenne sur la transparence des salaires. Cette nouvelle donne incite à plus d’équité et questionne les habitudes en matière de rémunération.
Quel pourcentage viser pour une demande d’augmentation réaliste et motivante ?
Parler de pourcentage d’augmentation, c’est toucher à un point sensible. Les études du guide des salaires de Robert Half, de Mercer France ou de Willis Towers Watson convergent : en 2024, la moyenne française oscille entre 3 % et 5 %. L’inflation, autour de 3 %, sert souvent de référence minimale, mais la négociation ne se limite pas à une simple revalorisation mécanique.
Les marges de manœuvre s’élargissent dès lors qu’on a atteint des objectifs, pris des responsabilités supplémentaires ou changé de périmètre de poste. Dans certains secteurs en tension, une demande de 6 % à 8 % se justifie pleinement. Les profils rares ou très mobiles sur le marché de l’emploi peuvent prétendre à des hausses plus conséquentes, tant la concurrence fait rage.
Voici des repères pour calibrer votre demande d’augmentation selon le contexte :
- Pour une évolution classique, la fourchette de 3 à 5 % reste cohérente avec les pratiques constatées dans la plupart des entreprises ou conventions collectives.
- En cas de prise de fonction ou d’élargissement de vos missions, viser 6 à 10 % devient pertinent, à condition d’étayer votre demande par des faits concrets.
Votre contrat de travail et votre fiche de paie fournissent la base de calcul. Observez les augmentations reçues par vos collègues, renseignez-vous sur la politique de votre entreprise. La négociation ne se joue jamais dans le vide : chaque argument doit s’appuyer sur des résultats, des comparaisons sectorielles et des éléments tangibles.

Conseils concrets pour préparer et réussir sa négociation salariale
Arriver à son entretien annuel sans préparation, c’est laisser passer sa chance. La discussion avec les ressources humaines ne se limite pas à un échange de politesses : elle s’appuie sur la performance individuelle, le contrat en cours et la position sur le marché du travail. Pour maximiser l’impact de votre demande, regroupez :
- vos réussites récentes et significatives, mesurables si possible
- vos prises de responsabilités supplémentaires ou évolutions de missions
- vos nouveaux acquis en compétences
N’hésitez pas à consulter les retours des précédents entretiens, à comparer les pratiques du secteur grâce à des plateformes comme PayFit ou Cadremploi. L’objectif ? Arriver en rendez-vous avec une fourchette argumentée, alignée sur les standards du métier et la politique maison. Appuyez-vous sur des données chiffrées, détaillez l’impact de vos actions, mais tenez compte aussi de la santé économique de l’entreprise et de ses priorités RH.
Au moment d’échanger, écoutez les arguments de l’employeur : la négociation ne se résume pas à un monologue. Si la marge de manœuvre semble réduite, proposez des alternatives : formation, avenant au contrat avec évolution de poste, ou avantages non financiers comme les chèques-cadeaux ou chèques-vacances. Pour affiner votre stratégie, discutez-en avec un délégué syndical ou un collègue plus aguerri.
La négociation salariale ne se joue pas sur un rapport de force brutal mais sur la reconnaissance de ce que vous apportez et sur les perspectives d’évolution. Savoir défendre son parcours, c’est façonner l’avenir de sa rémunération. Et parfois, il suffit d’un argument bien placé pour changer la donne, durablement.